MANIÈRES DE VOIRE

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Entre inondations et paupérisation urbaine au Sénégal, le gouvernement se cherche

Ce n’est pas nouveau de dire que les inondations dans les villes du Sénégal et dans la région de Dakar en particulier remontent à de longues années. Cependant, on constate que les nouvelles autorités au pouvoir depuis avril 2012 font preuve d’amateurisme dans leur manière de gérer ces inondations qui ont lieu en ce moment dans la totalité du pays. Aujourd’hui, la seule réponse des autorités face à ces inondations répétitives est la mise en œuvre perpétuelle d’un plan Orsec dont le principal travail est la fourniture de motopompes et de vivres aux populations touchées. Ceci dénote du manque de vision et de planification des autorités pour résoudre ce problème inhérent qui n’a que trop duré en plus de coûter cher à l’économie du pays.

Pour venir à bout des inondations que connait le Sénégal, il est grand temps de réunir toutes les compétences nécessaires dans ce domaine afin de procéder à un diagnostic réel et sans complaisance de ce problème. Il suffit de voir comment les autorités pensent venir à bout des inondations pour être convaincu de leur ignorance réel des causes du phénomène. Il ressort en effet de la logique des pouvoirs publics  que les inondations sont seulement dues au fait de l’occupation de zones non constructibles car situées sur d’anciens points d’eau. Cet argument est vrai sur près de 50% des cas d’inondation à Dakar mais les autres 50% s’expliquent par d’autres raisons. Hélas, ces dernières ne figurent pas dans l’agenda technique des autorités car cela contribuerait à rendre visible l’absence de vision globale dans la réalisation des grands projets.

Les inondations que connait la région de Dakar et notamment la banlieue de Guédiawaye sont le résultat des différents projets d’infrastructures routières menées dans cette ville. En effet, c’est le programme d’amélioration de la mobilité urbaine (PAMU) qui est en grande partie à l’origine de ces inondations. Ce projet mené dans les années 2000 s’est concrétisé par la construction dans la ville de Guédiawaye de plusieurs kilomètres de routes bitumés reliant ainsi plusieurs quartiers jadis enclavés. L’importance de ce quartier n’est pas remise en cause mais c’est dans sa réalisation qu’il y a des failles. Comment peut-on construire des routes dans des quartiers déjà existants et abritant plusieurs milliers de populations sans penser à l’accompagner d’un réseau d’évacuations des eaux de pluies ? Les pouvoirs publics devraient savoir que quand on parle de voirie ce n’est pas seulement la voirie bitumée il y a également les voies d’évacuations des eaux de pluies matérialiser par les réseaux de canalisations. Et le retour des pluies à partir de 2008 a trouvé un sol hyper bétonné dénué tout chemin naturel et/ou artificiel pour permettre aux eaux de bien ruisseler d’où les nombreuses inondations qui s’en ont suivi et continuent de plus belle aujourd’hui.

Pire l’État est entrain de répliquer le même modèle c'est-à-dire l’aménagement de quartiers qui seront inondés dans un futur proche. C’est le cas des quartiers « Jaxay » qui sont des zones d’habitats construits pour accueillir les populations dont les maisons ont été englouties par les inondations. Dans ces quartiers, L’État a construit des milliers de logements sans prendre en compte l’aspect lié à l’évacuation des eaux de pluies et à l’assainissement. En effet, les quartiers « Jaxay » ne disposent d’aucun système d’assainissement et d’évacuation des eaux et n’ont pas encore de réseaux routiers. Ce qui signifie que dans quelques années ces quartiers seront dotés de réseaux routiers et si on y prend garde la même chose à Guédiawaye arrivera dans les quartiers « Jaxay » pourtant censés être des quartiers à habitat planifié.

La liste des manquements des pouvoirs publics dans la gestion des inondations est longue et prouve encore une fois l’absence d’une prospective par rapport à la gestion de l’environnement urbain et du logement. L’État doit dès maintenant organiser des débats sur le modèle d’habitat qu’il faut au Sénégal et fixer le cap dans un horizon donné. C’est n’est que par cette voie que les inondations connaitront un jour des solutions dans l’ensemble du pays pour le bien être des sénégalais. Alors halte au pilotage à vue et cap sur de nouvelles politiques basées sur une planification stratégique, réfléchie et cohérente.



10/09/2013
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