MACKY SALL: de l'orthodoxie républicaine à la real politk
M. le Président, les premières heures qui ont suivi votre élection à la magistrature suprême de notre pays avait suscité en moi beaucoup d’espoir de voir enfin le changement dans notre cher Sénégal. En effet, je percevais dans vos discours et vos premières actions toute la détermination qu’il fallait pour conduire le Sénégal vers le développement à la suite de la décennie WADE. Vous sembliez comprendre à cette époque que pour diriger ce pays, on devait y bannir toutes les contre valeurs qui étaient érigées en modèle par nos concitoyens. Et aujourd’hui, je suis toujours convaincu de cela mais, car il y’en un, vos dernières sorties m’inquiètent et m’interpellent. En tant que citoyen soucieux du développement de son pays, je ne peux comprendre les actes que vous posez depuis quelques mois. Parmi ceux-ci, votre volonté de faire abolir la loi sur les délits de presse, votre silence sur la liste anticonstitutionnelle élue à Touba et le non moins important, votre acte d’allégeance au khalife des mourides lors de votre visite dans son fief de Nganda.
La loi sur les délits de presse M. le Président, cette loi sera anticonstitutionnelle car elle placerait une catégorie socioprofessionnelle au dessus des lois qui sont par définition générales et impersonnelles. Alors favoriser l’adoption de cette loi, c’est faire des journalistes et des professionnels de la presse des citoyens à part qui peuvent user, voire abuser du pouvoir que leur confère leur position dans les médias sans courir le risque d’être inquiéter. Au nom de quoi cela devrait-il être le cas? La responsabilité d’un travailleur Monsieur le Président, fut-il un journaliste, est de répondre de ses actes devant la loi et d’accepter d’être sanctionné en cas de faute professionnelle par la justice universelle à tous les citoyens. De plus, Monsieur le Président, vous avez même reconnu que les citoyens subissent aujourd’hui au Sénégal une véritable dictature de la part de ces mêmes média. Pourquoi alors vouloir abolir la loi sur les délits de presse?
Monsieur le Président, lors de votre discours de prestation de serment de 2012, vous avez juré devant Dieu et devant la nation sénégalaise d’observer et de faire observer scrupuleusement les
dispositions de la constitution et des lois dont la loi électorale. Malheureusement, les sénégalais ont vécu la mort dans l’âme la caution que vous avez apporté à la liste du khalife en lui envoyant votre ministre de l’intérieur. Qu’en est-il alors de votre serment? Et pourtant, l’image que vous avez véhiculée auprès des sénégalais est celle d’une personne intransigeante dans le respect des lois. De toute évidence, ce n’était qu’une image. Aujourd’hui, Monsieur le Président, les citoyens comme moi, qui vous ont préféré à Abdoulaye Wade parce qu’il se comportait beaucoup plus en talibé qu’en Président de la République devant les chefs religieux, ont mal. Oui, nous avons mal parce que vous reproduisez le même schéma qui a participé à ruiner le Sénégal. En vous comportant tel un talibé comme vous l’avez fait par les actes et par les paroles à Nganda, vous nourrissez les lobbies religieux qui vous empêcheront de faire les véritables réformes indispensables à notre développement.
En ce moment Monsieur le Président, je m’interroge sur les véritables raisons qui vous amènent à tourner casaque devant la nation sénégalaise, celle-là même qui vous a élu et qui compte sur vous pour changer le pays. Entendez leur désarroi, leur incompréhension quand vous posez des actes qui vont à l’encontre des idéaux pour lesquels elle vous a porté triomphalement jusqu’au palais que vous occupez.
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